En période de crise sanitaire, les appels à façonner un avenir économique et environnemental durable sont nombreux. En Europe, il devrait s’appuyer sur le Green Deal et la stratégie de développement de la finance durable. À laquelle l’Union souhaite donner un nouvel élan. Parallèlement, elle choisit BlackRock pour développer le cadre réglementaire d’intégration des critères ESG par les banques. Un paradoxe dénoncé par Finance Watch.
La Commission européenne vient de lancer une consultation pour renouveler sa stratégie sur la finance durable. Ouvert jusqu’à la mi-juillet, il comprend une centaine de questions. L’objectif est de rassembler les contributions des différentes parties prenantes. Cela a pour but de construire les prochaines étapes d’une politique qui devra concilier les défis posés par la crise Covid-19.
Construire une économie plus résiliente et durable semble rester le mot d’ordre de la Commission. Elle a lancé son premier plan d’action sur la finance durable en mars 2018. Il s’agit d’un plan suite aux propositions du rapport du groupe d’experts de haut niveau (HLEG) pour faire de la finance durable la principale stratégie stratégique axe de la finance européenne.
Une série de nouvelles réglementations
Cette première phase conduit à une série de nouvelles réglementations. La taxonomie définit les activités durables, les obligations de reporting précisant les informations attendues. Des investisseurs se déclarent impliqués dans la finance durable, la création d’indices climatiques de référence et la création d’une norme pour les obligations vertes, les investissements dans les infrastructures et les industries durables.
La deuxième phase de la stratégie de la Commission devrait, en principe :
- non seulement permettre de renforcer et de développer ces outils.
- Mais aussi de proposer une nouvelle série de mesures pour mieux faire face à l’urgence climatique,
- s’appuyer sur l’élan politique donné par le Green Deal .
Cette approche pourrait sembler cohérente si elle n’était pas sapée par l’annonce. Le même jour, de l’attribution par la Commission d’un contrat à BlackRock Investment Management pour superviser. En effet, elle observe au mieux le «développement d’outils et de mécanismes d’intégration des facteurs ESG dans le cadre prudentiel bancaire de l’UE et dans les stratégies commerciales et les politiques des actions et investissements des banques ».
Le choix de BlackRock controversé
Finance Watch, l’ONG européenne dédiée à mettre la finance au service de la société, a tout de suite dénoncé ce choix. D’autant plus surprenant que BlackRock a publiquement exprimé son opposition à deux éléments fondamentaux. Ces composants de la stratégie de finance durable de l’Union comprennent :- la taxonomie,
- les exigences de reporting sur le climat des risques.
Dans le premier cas, BlackRock est l’un des critiques les plus virulents du choix de faire de la taxonomie la pierre angulaire du système.
Dans le deuxième cas, BlackRock souhaite se concentrer uniquement sur la mesure de l’impact financier du changement climatique et non pas le coupler. Comme le demande l’Union européenne, à l’évaluation de l’impact négatif sur le climat des activités des entreprises.
Pour Thierry Philipponnat, directeur de la recherche et du plaidoyer à Finance Watch: «Le mandat de BlackRock est non seulement politiquement voué à l’échec, mais étant donné son opposition aux piliers les plus fondamentaux de l’agenda européen de la finance durable, c’est une erreur qui pourrait conduire à une UE cadre prudentielle bancaire qui contredit d’autres éléments de son cadre réglementaire sur la finance durable ».